Jacques François Rérolle (1794-1880)

Ingénieur des Ponts & Chaussées

Photos ou transcriptions de quelques pièces

de son dossier aux Archives nationales, cote F 14/2311/2

Le dossier comprend des dizaines de lettres administratives, souvent recto et verso,et, parfois, trois ou quatre pages et des dossiers plus conséquents ; le tout photographié par Gilles, soit près d'un millier de photos. Merci à lui.
Dans l'attente d'un dépouillement complet (qui sera très long), d'un classement et d'une analyse, voici quelques pièces qui ne sont pas des « Morceaux choisis » significatifs, mais le fruit d'un hasard plus ou moins chanceux.
Jacques François Rérolle est notre trisaïeul et le père de Fernand Rérolle qui acheta et aménagea « Les Bégonias » maison où nous avons passé notre enfance. Né à Decize, rue des Lombards, mort à Semur-en-Auxois où se trouve encore sa tombe en forme d'obélisque en marbre blanc ornée d'une équerre, d'un compas et d'un rameau de laurier ; il a commencé sa carrière sous Louis XVIII d'où le serment au roi et à la Charte prêté par tous les fonctionnaires.
Voir sa généalogie sur le site Geneanet.


Prestation de serment

serment
S'agit-il d'une coincidence ou de la manifestation d'un esprit discrètement frondeur ?
Après avoir été nommé aspirant le 1er janvier, le serment a été signé le jour anniversaire de la mort de Louis XVI.

État des services

[En marge, à gauche :]
Ponts et Chaussées
Ingénieur en chef
Rérolle

[En marge supérieure, ajout d'une autre main :]
Chevalier de la Légion d'honneur le 26 avril 1844

Jacques françois né à Decize, Nièvre, -------------------------------- le 9 7bre 1794
Entré à l'école polytechnique ----------------------------------------- 1813
Admis an qualité d'élève à l'école royale des ponts et Chées 11 xbre 1817.
En mission pendant la campagne 1818, dans le dép. de la Gironde,
pour le port de Bordeaux. ------------------------------------------ le 1er mai 1818.
En mission dans le dép. de la Seine inférieure pour être employé,
pendant la campagne 1819, aux travaux du port du Havre. le 1er mai 1819.
Attaché au secrétariat du Conseil général des ponts & Chées 1er mai 1820.
Nommé aspirant. ----------------------------------------------------- le 1er janvier 1821.

Chargé dans le département des Bouches du Rhône du service
de l arrondissement de marseille et de Bouc. -------------------- le 1er mai 1821.
Nommé ingénieur ordinaire de 2e C[lasse] --------------------- le 1er mai 1822.
Attaché aux travaux du Canal du nivernais, dans le
département de l'yonne. -------------------------------------------- le 15 7bre 1822.
Placé dans le dépt de Maine & Loire & chargé du service
de l'arrondissement de Saumur ----------------------------------- le 1er mai 1826.
Nommé ingénieur ordinaire ordinaire de 1ère C[lasse] ----- le 19 mai 1830.

---- dans le dépt de Seine et Marne, à fontainebleau, le 16 8bre 1832.
---- dans le dépt de l'Allier au service des études
relatives à la navigation de l'Allier. Il remplira les
fonctions d'ingénieur en chef --------------------------------- le 1er Janvier 1838.
Il réunira à son service les travaux de balisage et
tout le service ordre de la navigation de l'Allier              24   idem     "
Nommé Ingénieur en chef de 2ème classe --------------- le 26 xbre 1838
Chargé du service ordre du dépt de l'Allier              le 16 mai 1840
Chargé en outre, sous la direction de M. Vigouroux, du service
de la Navigation de l'Allier (Frais fixes spéciaux de 2000Fr) le 1er Janvier 1842.
chargé en outre des études du chemin de fer de Paris sur le centre de la France dans les dépt de l'Allier
          et du Puy de Dôme                    15 août 1842.
Nommé Ingénieur en chef de 1ère classe                 le 25 juillet 1843.

Chargé du service du canal du Nivernais dans le dép de la
Nièvre, à la résidence de Nevers   Ses frais fixes sont réglés à la
somme de 4000 francs (4 xbre)                          le 1er Janvier 1847.


Congé

congé accordé
Réponse à une demande de congé, favorable et bienveillante : « Il ne sera fait aucune retenue sur le traitement de Mr Rérolle pendant son absence » ; les congés payés n'existent que depuis 1936.

Construction du canal du Nivernais
L'affaire des conducteurs de Baye

1825 Lettre de Me Chageau au Directeur général des Ponts et Chaussées

(IMG-0222,3,4,5 et 6)

[En marge, à gauche :]
Personnel
Direction du canal du Nivernais
Département de la Nièvre

Réclamations des
conducteurs et des piqueurs
employés sur les travaux
du canal à Baye
N° 5.

       Paris, le 1er avril 1825

Monsieur le Directeur Général,

    J'ai l'honneur de vous transmettre, ci joint,
copie d'une lettre signée, collectivement, par tous les
conducteurs et piqueurs employés sur le canal
du Nivernais dans le département de la Nièvre.
à cette lettre, Monsieur le Directeur général,
était joins une copie d'un mémoire en forme de
révélation de la conduite morale et administrative
de Mr Rérolle, ingénieur ordinaire du canal.
Ce mémoire renferme des griefs que, malheureusement,
le caractère et les antécédents de Mr Rérolle ne
rendent que trop probables.
Déjà, Monsieur le Directeur général, dans tous mes
rapports relatifs à l'exécution des travaux de cette partie
du canal du Nivernais, je vous avais fais connaître
combien MM. Rerolle et Mossé convenaient peu au
Service que vous leur aviez confié ; l'intérêt seul de ce
Service, et le désir de remplir les devoirs que m'impose
le titre de directeur de ce canal, m'engagent encore
une fois, à vous dire, avec franchise, qu'avec de tels ingénieurs,
les travaux languiront constamment, et finiront par se
désorganiser entièrement, soit par l'humeur altière

[recto (IMG-223) :]
et sauvage de Mr Rérolle, soit par le manque d'activité
et de santé de la part de Mr Mossé..
Il suffit, pour vous convaincre de cette assertion,
de jeter un regard en arrière, et de rapeler tout ce
qui s'est passé depuis l'arrivée de ces deux ingénieurs
sur le canal du Nivernais.
Le premier, à peine arrivé de Marseille où,
par sa conduite, que je m'abstiendrai de qualifier,
il avait sû indisposer contre lui, l'Ingénieur en chef, le
Préfet, et l'Inspecteur Divisionnaire, signala son arrivée
au canal, par le renvoi de plusieurs employés : bientôt
le nombre des victimes s'est élevé jusqu'à neuf ; quelques
uns, il est vrai, tel que le Sr Troussilier, poussé à bout
par Mr Rérolle, demandèrent leur changement.
La présence de cet Ingénieur sur les travaux,
entraina une infinité de fausses manœuvres plus
dispendieuses les unes que les autres ; 1°, des étaiments
avaient été faits pour soutenir le ciel du percement
souterrain, il les a fait enlever ; bientôt on a été forcé
de les remettre en place ; ce caprice a couté au gouvernement
sept à huit mille francs. 2°, depuis longtemps on fait
des épuisements dans le souterrain, qui entrainent
des frais énormes ; tandis qu'on aurait pu se débarasser
des eaux, au moyen d'une simple rigole ; mais c'était
moi qui avait prescrit cette mesure ; et Mr Rérolle placé
sous l'influence de Mr Mossé, ne devait pas faire
exécuter une mesure dont j'avais donné la première -d--
3°, il a provoqué l'affaissement d'une partie de la
montagne, en attaquant imprudemment la base : enfin

[page 3 (IMG-224) :]
on ne finirait pas s'il fallait récapituler toutes les fautes
qui ont été commises jusqu'à ce jour, sur cette parties des
travaux du canal du Nivernais.
Quand à Mr Mossé, quels sont les services
qu'il a rendu ? il est arrivé au Canal le 15 septembre
1822 ; ...
...
D'ailleurs, j'ai la certitude que tous les plans
et nivellements des quatre projets présentés par ...
Ingénieur en chef, ont été levé, dessiné et rédigé
par le Sr Grandin Conducteur ; et pour lesquels les
Ingénieurs n'ont pas donné un seul coup de niveaux ;
il est cependant vrai de dire, que Mr Rérolle a fait
un nivellement de la vallée de l'Aron, qui, malgré
qu'il y eut employé une année entière, présentait

[page 4 (IMG-225) :]
une erreur de 28 pieds avec mon nivellement de
1793, et avec celui du Sr Grandin, qui a servi de
base au projet qu'on vient de présenter à votre
approbation.
Mais, Monsieur le Directeur général, ce qui m'a
surtout engagé à vous écrire aujourd'hui, c'est la crainte
de voir perdre encore la campagne qui va s'ouvrir !
déjà, elle sera perdue, en partie, pour la vallée de
l'Aron ; et je crains qu'il n'en soit de même pour
les tranchées du biez de partage, et pour le vieux
canal ; car j'apprends qu'on y fait peu de
disposition ; en effet, à une époque si précieuse
pour l'exécution des travaux, Mr l'Ingénieur en
chef est absent depuis plus d'un mois ; et Mr
l'Ingénieur ordinaire visite ses amis, à Autun, à
Nevers, à Decize &.
La conviction des devoirs que j'ai à remplir,
en un mot le cri de ma conscience m'ont forcé à
vous parler avec toute la franchise dont je suis
capable ; ce sera pour la dernière fois ; car, je ne
veux pas qu'on puisse m'accuser d'y mettre de
l'animosité ; lorsque l'intérêt du service à seul dicté
jusqu'ici, toutes mes démarches et ayant toujours
été étranger à tout sentiments haineux ; d'ailleurs, dans
la longue carrière que j'ai parcourue, mes supérieurs
et mes inférieurs n'ont eu, j'ose le dire, que des

[page 5 (IMG-226) :]
relations amicales avec moi ; et bien des gens ne
pourraient en dire autant ; mais il m'était réservé
des épreuves et des désagréments que sur ce même canal
du Nivernais, où j'ai fais le premier essai des connaissances
que j'avais acquise dans l'art de l'ingénieur.
Dorenavant, Monsieur le Directeur général,
je ne me permettrai plus aucune réflection, sur la
conduite des Ingénieurs de ce canal, je ...
autant qu'il me sera possible,dans la position où je
suis placé, d'activer seulement les travaux, et d'en
surveiller la bonne exécution.
Cependant, si le passé doit servir d'example
pour l'avenir, MM Rérolle et Mossé, qui n'ont
déployé aucune activité sur le canal du Nivernais,
n'en déploieront probablement pas d'avantage par
la suite ; leur contestation avec leurs employés
et avec moi, qui n'y ai donné aucun sujet, sont
le prélude de celles qui auront lieu plus tard, soit
avec les entrepreneurs, soit avec de nouveaux
employés ; et l'on est en droit de conclure qu'avec
eux, les travaux du canal, entre l'Yonne et la
Loire, seront pour ainsi dire interminable.
Mais à vous seul, Monsieur le Directeur général,
appartient de prendre une détermination qui puisse
donner aux travaux de ce canal, une activité
qu'ils ne pourront acquérir avec de tels Ingénieurs.
Je terminerai cette lettre, Monsieur le Directeur
général, en vous fesant part que je suis dans

[page 6 (IMG-227) :]
l'intention d'aller, très prochainement, faire une
tournée sur le canal du Nivernais, pour visiter, 1°,
les travaux qu'on exécute dans le département
de l'Yonne 2°, le tracé du canal entre la chaise
et coulange ; 3°, les travaux du point de partage ;
j'ose, en conséquence, vous prier d'avoir la bonté
de me donner vos ordres à ce sujet.

       Je suis avec le plus profond respect,

       Monsieur le Directeur général,

       Votre très humble et
     très obéissant serviteur

      C Chageau

Mutation de Saumur à Fontainebleau

AN ..., photo Gilles IMG-0126

[En marge, à gauche :]
Ponts & Chaussées
Maine & Loire
Personnel

[En marge inférieure :]
A Monsieur Legrand, conseiller d'état, chargé de
l'administration des Ponts & Chaussées et des Mines

            Angers le 24 Octobre 1833

      Monsieur le Conseiller d'état

J'ai l'honneur de vous accuser réception des deux
lettres que vous m'avez écrites le 21 de ce mois, au sujet
du remplacement de M. Rérolle par M. Fortin dans
l'arrondissement de Saumur.
Le départ de M. Rérolle me fait épouver un
véritable regret. Quoique les relations que nous avons euent
ensemble n'aient été que de peu de durée, j'ai pu
néanmoins apprécier ses excellentes qualités et je regarde
comme un devoir de vous faire connaître que je l'ai trouvé
tout autre qu'on ne l'avait trouvé avant moi ; soit qu'en
effet il n'eut pas été bien jugé d'abord, soit plutôt que
sa manière d'être se fût modifiée depuis quelques années
Je regrette en lui un Ingénieur habile pour les grands
travaux, un Ingénieur méthodique et exact pour tout les
détails du service courant, empressé d'aller au devant des
difficultés, et enfin un très bon camarade mettant dans
ses rapports non officiels beaucoup de cordialité.
Je verrai avec une grande satisfaction qu'il reçut,
en quittant la conduite des travaux du pont de Saumur,
la récompense due à la manière distinguée dont il a
dirigé l'exécution de ce bel ouvrage. La décoration de
la légion d'honneur me semble ne pas pouvoir être
refusée aux Ingénieurs qui ont eu le bonheur de présider
à la construction d'un monument et d'ailleurs pour tout
homme de mérite qui doit recevoir cette distinction plutôt ou
plus tard, il y a toujours dans sa vie une époque qu'il
convient de saisir.
Il y a enfin dans la vie d'un Ingénieur des

[En marge inférieure :]
A Monsieur Legrand, conseiller d'état, chargé de
l'administration des Ponts & Chaussées et des Mines

[page 2 (IMG-0127)]
ponts & Chaussées un moment où il convient de
l'élever au grade d'Ingénieur en Chef, pour en obtenir
les meilleurs services possibles. Ce moment me parait être
à peu près arrivé pour M. Rérolle ; si son avancement
se trouvait long-temps retardé, il serait à craindre qu'il
ne fût bientôt moins bon Ingénieur ordinaire et qu'il ne fut
ensuite moins bon Ingénieur en chef, que s'il eut été
nommé plutôt.
Je profiterai de cette occasion pour vous rappeler
la demande qui vous a été adressée par M. le Préfet,
le 28 du mois dernier...

      Je suis avec respect,

      Monsieur le Conseiller d'état,

      Votre très humble serviteur,

      L'Ingénieur en chef.

      [Signature illisible]