CERCLE GÉNÉALOGIQUE DE BOURBON

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LES ORIGINES de CÉLIMÈNE (1807-1864)

 

Marie Monique Jeance, épouse Gaudieux, dite Célimène, était une chansonnière  s’exprimant en français et en créole, qui tenait un relais de poste à La Saline.

Un article a été consacré à cette femme de caractère, dont la réputation a franchi les siècles, par Madame Hélène Thazard dans le bulletin n 68 du Cercle Généalogique de juillet 2000.

Nos recherches nous permettent de préciser aujourd’hui l’ascendance de cette mulâtresse qui répliquait vertement à ceux qui lui reprochaient ses origines, et qui se vantait, en plaisantant, d’être une descendante du poète Evariste de Parny.

 Descendante de Noirs libres par son père
 L’ascendance paternelle de Célimène est abordée dans notre article « Les origines des Gence de la Réunion »
 publié dans le bulletin n°81 du Cercle Généalogique d’octobre 2003.

 Ses ancêtres GENCE 

 Vers 1750, Jean et Gillette, ancêtres paternels de Célimène, vivent à Saint Pierre et Saint Louis, dans le sillage d’Antoine Marie Desforges-Boucher, alors gouverneur tantôt de Bourbon tantôt de l’Isle de France.
 
Jean, esclave affranchi de Monsieur Morel, conseiller, épouse avant 1752 Gillette, née à L’Isle de France en 1736.
 
Gillette est née à Port Louis le 21 février 1736, fille de François et d’Ignace,  esclaves de Didier de Saint Martin, lui aussi gouverneur de Bourbon et de l’Isle de France, réputé avoir affranchi tous ses esclaves avant son retour en métropole en 1748.

Zone de Texte:  Baptême de Gilette

 

A partir de 1752 les destinées de Jean et Gillette, mariés et libres, suivent les pérégrinations de M.Desforges-Boucher, à Saint Pierre, Saint Denis, Saint Louis et en Isle de France.
Ils font souche à Saint Louis, l’Etang Salé, Saint Leu…
 Leur fils aîné, Louis JEAN est baptisé à St Pierre le 21 mai 1756.  
Il se marie à l’âge de 19 ans à Saint Paul en 1775 avec une affranchie du chevalier Toussaint de Becdelièvre, ancien officier de la Compagnie des Indes, qui leur donne à cette occasion le terrain de La Saline qui restera dans la famille JEAN (GENCE) jusqu’à Célimène.
Veuf, Louis JEAN se remarie en 1788 avec Gertrude fille de Balbine, à peine âgée de douze ans. Il meurt deux ans après,
laissant un fils très jeune, Louis Edmond JEAN dit JEANCE.
Celui-ci, cultivateur à La Saline, achète en 1807 à Méry Mercier du Brasier une négresse créole de seize ans, Candide, et son enfant de deux mois : Marie Monique, c’est-à-dire Célimène.  

Ses ancêtres BALBINE   

BALBINE , affranchie par Pierre-Louis Léger du Désert en novembre 1782, est née le ­6 mars 1754 à Saint Paul, fille de Rose, alors esclave de Jacques Hoarau du ParC, et  de Jacques, esclave de Monsieur  De LAVAL. Elle rachète à  LEGER DU DESERT ses cinq enfants dont Gertrude et les affranchit elle-même le 12 octobre 1786.  

Descendante de Parny ?  

Depuis les années 1930, reprenant « une des plus mauvaises plaisanteries de Célimène », ceux qui se sont intéressés à elle  ont cherché à trouver un lien de descendance direct entre Evariste de Parny et la poétesse créole,  suivant deux pistes différentes :

·         dans une première hypothèse, la mère de Célimène, Candide, serait fille de Marguerite esclave de M.Troussail, apparenté aux Lelièvre, hypothèse fondée sur un acte de baptême de 1790. A part l’homonymie, rien ne permet de supposer que cette Candide soit la mère de Célimène.  

·         une deuxième hypothèse, privilégiée par Monsieur Léon de Forges de Parny, ferait de Candide la fille de Valère, née en 1775, elle-même fille naturelle d’Evariste de Parny. Toutefois, Valère étant libre avant 1790  (affranchissement du 19 novembre 1782), sa fille ne pouvait pas être esclave.  

Son ascendance maternelle  

Les deux pistes ci-dessus sont infirmées par le contrat de mariage  de Candide avec Louis Edmond JEANCE ans lequel il est indiqué « Marie Candide fille majeure et naturelle de feue Marie Candide, la première affranchie de Louis Edmond Jeance ».


Ascendance de Marie Monique Jeance dite Célimène

 

Recherches M. et J. GRENET au Centre des Archives d’Outre-Mer d’Aix-en-Provence

Recherches R. CRASSON de BALBINE à la Réunion

 

 



La mère de Célimène, née vers 1790 à Saint Paul, selon son acte de décès, avait été achetée par Méry Mercier Du Brasier à Henry Lebreton (+ janvier 1791).

Mercier Du Brasier souhaitait l’affranchir par son testament de 1801, puis la vendit le 24 juin 1807 à  Louis Edmond Jeance sous condition expresse de l’affranchir et de l’épouser.

Candide sera affranchie avec sa fille le 14 novembre 1811 mais le mariage n’aura lieu que le 26 avril 1830.

Ainsi s’élucide peu à peu, avec bien des lacunes, l’ascendance de celle qui chantait :

« Les noirs les blancs les gris sont mes amis
Et dans mes plus grandes douleurs
Des mains de toutes les couleurs
Sont venues essuyer mes pleurs ».

 


Nous adressons ici nos remerciements à Monsieur Christian SOUCHET, qui a orienté nos recherches vers l’Isle de France en nous procurant l’acte de décès de Gillette.

Nous voulons aussi témoigner notre reconnaissance à Monsieur  Philippe BESSIERE, qui a rédigé en 1996, un mémoire de maîtrise d’histoire à l’Université de la Réunion intitulé « Les libres de couleur, à Bourbon, à la fin du XVIII° siècle : Naissance d’un acteur dans le changement social.» et qui nous a gentiment communiqué les renseignements qu’il avait en sa possession, et en particulier le testament de MERCIER DU BRASIER. 

R . CRASSON de BALBINE et M . GRENET

Recherches M. et J. GRENET au Centre des Archives d’Outre-Mer d’Aix-en-Provence  
Recherches R. CRASSON de BALBINE à
la Réunion