CERCLE GÉNÉALOGIQUE DE BOURBON |
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Marie Monique Jeance, épouse Gaudieux, dite Célimène, était une chansonnière s’exprimant en français et en créole, qui tenait un relais de poste à La Saline.
Un article a été consacré à cette femme de caractère, dont la réputation a franchi les siècles, par Madame Hélène Thazard dans le bulletin n 68 du Cercle Généalogique de juillet 2000.
Nos
recherches nous permettent de préciser aujourd’hui l’ascendance
de cette mulâtresse qui répliquait vertement à ceux qui lui
reprochaient ses origines, et qui se vantait, en plaisantant, d’être
une descendante du poète Evariste de Parny.
Descendante de Noirs libres par son père
L’ascendance paternelle de Célimène est abordée dans
notre article « Les origines des Gence
de la Réunion »
publié dans le bulletin n°81 du Cercle Généalogique d’octobre
2003.
Ses ancêtres GENCE
Vers 1750, Jean et Gillette, ancêtres
paternels de Célimène, vivent à Saint Pierre et Saint Louis,
dans le sillage d’Antoine Marie Desforges-Boucher,
alors gouverneur tantôt de Bourbon tantôt de l’Isle de France.
Jean,
esclave affranchi de Monsieur Morel,
conseiller, épouse avant 1752 Gillette, née à L’Isle de France
en 1736.
Gillette est née à Port Louis le 21 février 1736,
fille de François et d’Ignace, esclaves
de Didier de Saint
Martin, lui aussi gouverneur de Bourbon et de l’Isle de France, réputé
avoir affranchi tous ses esclaves avant son retour en métropole en 1748.
Baptême de Gilette
A partir de 1752 les destinées de
Jean et Gillette, mariés et libres, suivent les pérégrinations de
M.Desforges-Boucher, à Saint Pierre, Saint Denis, Saint Louis et en
Isle de France.
Ils font souche à Saint Louis, l’Etang Salé, Saint Leu…
Leur fils aîné, Louis JEAN est baptisé à St Pierre le 21 mai
1756.
Il se marie à l’âge de 19 ans à Saint Paul en 1775 avec
une affranchie du chevalier Toussaint de Becdelièvre,
ancien officier de la Compagnie des Indes, qui leur donne à cette
occasion le terrain de La Saline qui restera dans la famille JEAN (GENCE)
jusqu’à Célimène.
Veuf, Louis JEAN se remarie en 1788 avec Gertrude fille de Balbine, à
peine âgée de douze ans. Il meurt deux ans après,
laissant un fils très jeune, Louis Edmond JEAN dit JEANCE.
Celui-ci, cultivateur à La Saline, achète en 1807 à Méry
Mercier du Brasier une négresse
créole de seize ans, Candide, et son enfant de deux mois : Marie
Monique, c’est-à-dire Célimène.
Ses ancêtres BALBINE
BALBINE , affranchie par Pierre-Louis Léger
du Désert en novembre 1782, est née le 6 mars 1754 à Saint
Paul, fille de Rose, alors esclave de Jacques Hoarau
du ParC, et de Jacques,
esclave de Monsieur De LAVAL. Elle rachète à
LEGER DU DESERT ses cinq enfants dont Gertrude et les affranchit elle-même
le 12 octobre 1786.
Descendante de Parny ?
Depuis les années 1930, reprenant « une des plus mauvaises plaisanteries de Célimène », ceux qui se sont intéressés à elle ont cherché à trouver un lien de descendance direct entre Evariste de Parny et la poétesse créole, suivant deux pistes différentes :
·
dans une
première hypothèse, la mère de Célimène, Candide, serait fille de
Marguerite esclave de M.Troussail,
apparenté aux Lelièvre,
hypothèse fondée sur un acte de baptême de
· une deuxième hypothèse, privilégiée par Monsieur Léon de Forges de Parny, ferait de Candide la fille de Valère, née en 1775, elle-même fille naturelle d’Evariste de Parny. Toutefois, Valère étant libre avant 1790 (affranchissement du 19 novembre 1782), sa fille ne pouvait pas être esclave.
Son ascendance maternelle
Les deux pistes ci-dessus sont infirmées par le contrat de mariage de Candide avec Louis Edmond JEANCE ans lequel il est indiqué « Marie Candide fille majeure et naturelle de feue Marie Candide, la première affranchie de Louis Edmond Jeance ».
Ascendance de Marie Monique Jeance dite Célimène
Recherches M. et J. GRENET au Centre des Archives d’Outre-Mer d’Aix-en-Provence
Recherches R. CRASSON de BALBINE à la Réunion
La mère de Célimène, née vers 1790 à Saint Paul, selon son acte de décès, avait été achetée par Méry Mercier Du Brasier à Henry Lebreton (+ janvier 1791).
Mercier Du Brasier souhaitait l’affranchir par son testament de 1801, puis la vendit le 24 juin 1807 à Louis Edmond Jeance sous condition expresse de l’affranchir et de l’épouser.
Candide sera affranchie avec sa fille le 14 novembre 1811 mais le mariage n’aura lieu que le 26 avril 1830.
Ainsi s’élucide peu à peu, avec bien des lacunes, l’ascendance de celle qui chantait :
« Les noirs les blancs
les gris sont mes amis
Et dans mes plus grandes douleurs
Des mains de toutes les couleurs
Sont venues essuyer mes pleurs ».
Nous adressons ici nos remerciements à Monsieur Christian SOUCHET, qui
a orienté nos recherches vers l’Isle de France en nous procurant
l’acte de décès de Gillette.
Nous voulons aussi témoigner notre reconnaissance à Monsieur
Philippe BESSIERE, qui a rédigé en 1996, un mémoire de maîtrise
d’histoire à l’Université de la Réunion intitulé « Les
libres de couleur, à Bourbon, à la fin du XVIII° siècle :
Naissance d’un acteur dans le changement social.» et qui nous
a gentiment communiqué les renseignements qu’il avait en sa possession,
et en particulier le testament de MERCIER DU BRASIER.
R . CRASSON de BALBINE et M . GRENET
Recherches M. et J.
GRENET au Centre des Archives d’Outre-Mer d’Aix-en-Provence
Recherches R. CRASSON
de BALBINE à la Réunion
Liens
citant CGB & CELIMENE
: http://www.espacereunion.com/run/web/Actualite.php?refactu=5579