Les Hanappier forment une longue lignée d'au moins quatorze orfèvres depuis le premier connu, Jacques, cité en 1568, jusqu'au dernier d'entre eux Benoît François, mort en 1813, père de Marie Hanappier mariée, quelques mois avant la mort de son père, à Antoine Georgeon ; eux-mêmes parents de Louise Georgeon épouse de Jacques François Rérolle, notre arrière-arrière-grand-père qui fut ingénieur en chef des Ponts & Chaussées du département très proche de l'Allier.
Nos plus anciens ancêtres orléanais
Nous connaissons quelques uns de nos ancêtres orléanais dés le XIIIe siècle grâce aux généalogies établies, au XVIIe siècle, par le chanoine Hubert.
I. — Amy Hanappier, seigneur de Sellier, (paroisse d'Ingré) est vivant en 1487 ; par sa femme, Marion Monceau et le père de celle-ci Pierre, seigneur d'Amoy et bourgeois d'Orléans, on remonte aux Demareau (Henri époux de Marie des Comtes, Robert dont on ignore le nom de l'épouse et Henri, échevin d'Orléans en 1420-1421) et Baccons (Marie de Baccons et son père Jean, échevin en 1399-1400). Amy Hanappier aura pour fils :
II. — Nicolas Hanappier, bourgeois d'Orléans, marié avec Jacquette Prousteau, fille d'Estienne, marchand à Orléans, et Marie de Loynes. Leur fils ainé, dénommé lui-aussi Nicolas, bourgeois d'Orléans, élu procureur échevin en 1552, receveur de la ville de 1553 à 1561, seigneur d'Amoy, est l'auteur d'une branche Hanappier qui donnera de nombreux magistrats. Le cadet Amy, qui suit, est l'auteur d'une seconde branche, la nôtre.
III. — Amy Hanappier, bourgeois d'Orléans, épouse le 11 février 1531, Françoise de Saint-Mesmin dont le père, Jean, époux de Guillemette Lhuillier, fut lui aussi échevin . Notons que Jeanne de Saint-Mesmin, sœur de Françoise, est mariée avec Guillaume de Beauharnais, seigneur de Miramion. Amy sera échevin et, selon le chanoine Hubert, il eut de Françoise de Saint-Mesmin huit enfants : Amy qui suit, Louy, Françoise, François mort jeune, Marie, Jacques, Anne et Nicole.
IV. — Amy Hanappier, né vers 1541, mort avant 1614, bourgeois d'Orléans, épouse Madeleine Clément, fille d'Estienne et de Madeleine Roillard. D'où cinq enfants : Amy, marié avec Madeleine Gryspere en 1614, consul en 1631, Nicolas, Guillaume, Pierre et Madeleine. Les quatre garçons donneront quatre rameaux, dont Pierre, qui suit, celui des orfèvres.
Une lignée d'orfèvres orléannais
Un premier orfèvre du nom d'Hanappier est mentionné dès le XVIe: Jacques (1568, quittances d'imposition pour sommmes fournies à titre d'emprunt lors de la subvention levée par le prince de Condé à Orléans). Il est mort peu avant 1617, date à laquelle son épouse reçoit un poinçon de veuve. Il appartient à une autre lignée Hanappier que celle de nos ancêtres.
V. — Pierre Hanappier, né vers 1580, demeure paroisse Saint-Hilaire. Il est reçu à la maitrise à Orléans en 1617 et se marie l'année suivante avec Jacquette Faucheux de la paroisse Sainte-Catherine dont les parents sont Marc, marchand bourgeois d'Orléans, et Louise Buisson. Ils eurent au moins cinq enfants dont Pierre qui suit et Estienne qui seront tous deux orfèvres. En 1644, il présente une requête pour l'admission de son fils Pierre à la maîtrise. Mort en 1649, sa veuve obtient un poinçon de veuve pour continuer à faire tourner la boutique. Le 6 janvier 1679 elle est encore vivante et assiste au mariage de sa petite fille Michelle.
VI. — Pierre (1624-1700) demeure paroisse Saint-Donatien. Il est né le 20 octobre 1624. En 1644, la Cour de Paris, sur requête de Pierre, fils de Pierre Hanappier, maître orfèvre, ordonne aux jurés orfèvres, Daniel Pelletier et Louis Levé, d'autoriser l'aspirant à montrer son expérience du métier devant Me Jean Debrausse, conseiller à la Cour, qu'elle commet à cette fin. Ledit Hanappier rapportera à la Cour son expérience et, s'il est trouvé suffisant, sera reçu maître dudit métier. La réception est signalée comme faite. En 1674, il est garde et fait des visites chez ses confrères avec les deux autres jurés. La même année, le 6 octobre, une saisie est faite chez lui pour essai parce qu'il est accusé de travailler à un titre très défectueux. En 1676, il fait appel à la Cour de Paris d'un procès de la communauté contre Nicolas Mignot, maître orfèvre ; il a un pouvoir des autres orfèvres pour entreprendre ce procès contre ceux d'entre eux qui ne paient pas les droit de contrôle. Ses confrères qui devraient partager les frais du procès ne veulent pas s'exécuter. Ce procès continuera pendant au moins encore deux ans.
D'un premier mariage avec Marie Lemoine, il n'a, semble-t-il, pas d'enfants. Remarié avec Michelle Pichard il en eu dix enfants dont Pierre (1646-1696) et Guillaume (1655-1684) qui deviendront orfèvres ; celle-ci meurt le jour de Pâques 1660. Le 19 août suivant Pierre se marie en troisième noces avec Marie De La Guelle et ils eurent quatorze enfants dont notre ancêtre Antoine. Marie De La Guelle est morte en mars 1699 :
« Aujourd'huy dimanche 31 mars 1699, par moy soussigné prieur de Saint-Donatien et docteur de la faculté de Sorbonne, a esté inhumée vers le soir, sous le pupitre du grand cœur de ladite église parroissiale, le corps de dame Marie de la Guelle, femme de maistre Pierre Hanappier marchand orfeuvre et bourgeois d'orléans, après avoir commencé les obsèques qui finiront demain et avoir receu tous les sacremens pendant la maladie dont est décédée le 30 de courant, âgée d'environ soixante ans. »Pierre mourrait un ans après sa femme :
« Le ving septiesme du mois de mars est décédé honorable homme Sieur pierre Hanappier vivant marchand orphevre à Orléans, âgé de soixante et quinze ans ou environ, après avoir receu les sacrements de pénitence, de Saint-viatique et d'Extême Onction, et le lendemain, après le service de ses obsèques faict et célébré dans cette église, le corps a été porté et inhumé dans l'église paroissiale de Saint-Donatien en présence de Messieurs ses enfans parens et amis sous-signés : Antoine Hanappier, Jean-Baptiste Hanappier, César Hanappier […]. »Puis, le lendemain :
« Ce jourd'huy dimanche 28 mars 1700 a esté inhumé dans ceste église de Saint-Donatien par moy soussigné prieur curé de la parroisse de Saint-Donatien, le corps de deffunct maistre Pierre Hanappier marchand bourgeois à Orléans, après avoir assisté à la grand'messe de ses funéraires avec Mr. Coste prieur curé de Saint-Maclou de laquelle parroisse estoit ledit deffunct Pierre Hanappier lequel est décédé le 27 de courant âgé de soixante et quinze ans. »
VII. — Antoine, fils de Pierre et de Marie De La Guelle, est baptisé à Saint-Donatien le 4 mars 1667 ; il demeure en cette paroisse « au Pillory ». En 1698, il est reçu à la maîtrise à Tours, pour excercer à Orléans. Il épouse Marie Forest, de la paroisse de Saint-Paul à Orléans, et en eut cinq enfants dont trois orfèvres : Jacques (né en 1704-vers 1770), Pierre (1706-1777) et Antoine François (1712-1774), notre ancêtre. (Voir ci-dessous.)
En 1727-1729 : il fait appel à la Cour de Paris d'une saisie pour essai faite dans sa boutique. La Cour le condamne à l'amende ordinaire de 12 livres et ordonne « que les matières et ouvrages saisis et déposés au greffe de la Cour seront veus et visités par experts et essayer en la manière accoustumée pour en assurer le titre ». Un second appel de sa part amène l'ordre d'apporter ses registres au greffe de la Cour.
Il donne, en 1729, un certificat à son compagnon, Claude Mouton, qui a travaillé huit ans chez lui avant de demander la maîtrise à Arcis-sur-Aube. En 1734, il est ancien garde.
En 1743, ses fils Pierre et Antoine François, maîtres orfèvres, sont compagnons chez lui.
Antoine meurt subitement le 23 septembre 1746 à quatre-vingt ans et est enterré le lendemain en présence de ses trois fils.
Sa veuve, Françoise Forest, obtiendra un poinçon de veuve (lettres FF couronnées sur un cœur de lys) pour continuer à faire tourner la boutique. Elle disparaît à 89 ans en septembre 1762 ; ses trois fils sont, à nouveau, tous trois présents à son inhumation.
— L'aîné des enfants, Jacques (1704-?), fut le plus talentueux et le plus entreprenant. Il a été reçu en 1730 à la maîtrise en la Monnaie d'Orléans et a pris son indépendance ; en 1738 il est cité au dénombrement des orfèvres ; en 1742, il employe deux compagnons tandis que ses deux cadets, Pierre et François, sont, en 1743 encore, compagnons chez leur père.
Il se marie le 19 janvier 1739 avec Espérance Hanappier dont le père, Joseph, est marchand mercier ; il demeure au Marché à la Crême, paroisse Saint-Hilaire. Il sera en procès avec les juges-gardes, condamné aux dépens, ce qui ne l'empêchera pas de devenir, en 1756, lui-même juge-garde pour Orléans et Blois, puis d'être doyen de la communauté en 1768. La même année, la communauté proteste contre son élection en qualité de notable artisan alors que les édits et déclarations assurent aux orfèvres orléanais la qualité de marchands.
On a vu passer en vente nombre de ses productions très variées : couverts de table, timbales, écuelles, huilliers, pots à eau, cafetières, bassins, plats ronds ou ovales. Sa carte d'adresse est particulièrement originale :
— Le deuxième enfant, Pierre (1706-1777), est reçu maître en 1730 comme son frère et comme lui cité au dénombrement des orfèvres de 1738, mais il travaille toujours chez son père au Pillory, paroisse Saint-Donatien. Il fut garde lui aussi. On connait aussi quelques unes de ses productions, analogues à celles de ses frères. Il meurt en 1777 :
« Inhumation au cimetière Saint-Paul de Pierre Hanappier, maître orfèvre décédé de la veille [29 novembre], âgé de 72 ans, en présence de Jacques Hanappier et François Benoît Hanappier frère et neveu ».
VIII. — Le troisième, notre ancêtre, Antoine François Hanappier est né le 7 janvier 1712 et baptisé à Saint-Donatien (ses prénoms de baptême sont Antoine François, son poinçon est formé des lettres A.F./H, mais il signe du seul prénom de François). Il est reçu à la maitrise à Orléans en 1743 ; se marie le 19 novembre 1748 avec « demoiselle Marie Thérèse Barrault , fille mineure de M. Laurent Barrault et de dame Marie Anne Benoist de cette paroisse » ; ils ont dix enfants dont deux seront orfèvres Benoît François, notre ancêtre, et Pierre Michel, cité comme garçon orfèvre en 1781. Marie Thérèse meurt alors qu'elle n'a que trente-six ans ; lors de son inhumation, ses deux fils les plus âgés, ils ont 10 et 11 ans, sont présents, Benoît et Pierre Michel ; dix ans plus tard, en 1774, c'est François Hanappier qui est inhumé à Saint-Donatien :
« mort le trente octobre sur la paroisse Saint-Paul de cette ville, sans avoir pu recevoir aucun sacrement à soixante deux ans dix mois […] en présence de Messieurs Jacques Hanappier, bourgeois de cette ville, Pierre Hanappier, marchand orfèvre, Benoît François et Pierre César Hanappier fils du deffunct […] ».
IX. — Benoît François sera le dernier orfèvre de la lignée Hanappier ; son frère, Pierre Michel, et son cousin, François Benjamin, n'eurent pas eux non plus de continuateur. C'est en 1807 qu'il est cité pour la dernière fois en tant qu'orfèvre. Benoît François, fut baptisé à Saint-Paul le 23 mai 1753 ; il est reçu à la maitrise à Orléans en 1774 ; se marie à Tours, paroisse Saint-Venant, le 16 septembre 1777, avec Anne Félicité Clémenson, née en 1760, fille de Juste François Clémenson et de Catherine Servais.
En 1778, il est cité au Tableau historique de la monnaie d'Orléans, comme syndic. En 1781, conjointement avec son frère,
Pierre Michel « garçon orfèvre », il est légataire de son oncle Pierre Hanappier (1706-1777). Il est garde national le
28 juin 1790 sous le nom de « Hanappier l'aîné
», la même année il est élu juge-consul ; le 21 septembre 1792, il est
nommé par le conseil général de la commune pour dresser l'inventaire des objets provenant des congrégations supprimées et pour
veiller à la fabrication des canons.
Le 9 novembre 1793 (19 brumaire an II), une députation de la section des Piques vient inviter le conseil général à une fête pour inaugurer
le drapeau des citoyennes de la section, « Hanappier orfèvre
» est un des signataires de l'invitation. Il est maire d'Orléans en 1795.
Ils habitaient 22 rue Royale où Anne Félicité Clémenson est morte le 12 février 1810 et Benoît François le 30 novembre 1813.
X. — Leur fille, Marie Anne Félicité Hanappier, était née tardivement le 4 prairial an IV (23 mai 1796) ; elle se maria à 17 ans, le 31 mars 1813, à Orléans, avec Antoine Georgeon, avoué à Orléans, qui était né à Paris, rue Dauphine, en 1786. Ils allèrent s'installer à Fontainebleau. Antoine était l'un des associés d'une société propriétaire d'une verrerie-cristallerie située à Choisy-le-Roi. Il est mort à Fontainebleau en 1867 et Marie Hanappier y est morte le 5 février 1885.
Sources et bibliographie :
- AM d'Orléans, registres paroissiaux et d'état civil.
- Charles Vassal, Table analytique des 8 volumes de généalogies orléanaises du chanoine Hubert, 1487-1608.
- Pierre Jouvellier, Les orfèvres de la généralité d'Orléans, 1986
- Les orfèvres d'Orléans, catalogue d'exposition au musée des Beaux-Arts d'Orléans, 2003, 288 p., ill.
- Catalogues de ventes à l'Hôtel Drouot ou sur l'internet.
- Philippe de Vaumas, Familles orléanaises, essai généalogique, première série, 2014, p. 83-102.
- Yolande Amic, Verrerie-Cristallerie de Choisy-le-Roi, Geschichte und Fertigungen (Histoire et production), 1952 (merci à Geneviève Pouffier qui m'a traduit quelques paragraphes de cet article) (compte-rendu de L’opaline française au XIXe siècle, Paris, 1952, p.1 06-111).
Annexe
Généalogie de la famille de hanapier Srs d'Ermonville d'Amoy et autres Bourgeois d'Orléans
Armoiries :
- — d'azur à la fasce d'or, accompagnée de deux étoiles de même et d'une hure de sanglier, au naturel, aux défenses d'argent.
- — d'azur à la fasce d'or, accompagnée en chef de deux étoiles de même, et pointe d'une hure de sable, armée et allumée de gueules.
FIEFS : Selliers. Amoy. Armonville. Mesleray.
ALLIANCES DES FILLES : de Roussan. De Rossieux. Petau. Sevin. Cahouet.
Voir l'arbre généalogique Rérolle-Hanappier.