La famille Renaud à Buxy

Famille Renaud à Rosey et Buxy (Saône-et-Loire)

Ce texte a été écrit à l'occasion de la cousinade Renaud-Grenet le 2 juillet 2022, à Blaisy-Bas,
à l'initiative de Françoise Renaud-Sule.

Les Renaud ont vécu pendant trois siècles dans le village de Rosey, puis dans le bourg de Buxy. Rosey comme Buxy sont situés, dans la côte chalonnaise, sur la route des vins. Leurs terroirs sont typiques des terroirs de la Côte bourguignonne : les pieds dans la plaine de la Saône, la côte proprement dite est couverte de vignobles et, au-dessus, le plateau calcaire avec bois et cultures diverses.
Les ancêtres des familles alliées aux Renaud, les Gonnot, Davanture, Gressard, Prost, Dutartre, Poulachon, Lartaud... sont tous originaires des côtes chalonnaise et macônnaise et de leur arrière-pays le Charolais.

Les Renaud au XXe siècle

La famille Renaud comptait à Buxy, il y a un siècle, en 1922, cinq représentants : la « Mémé de Buxy», à l’état civil Eugénie Gonnot dite Julie, ses trois fils (Claude, Raymond et Louis) et son beau-frère, le « Non-non Raymond ». Tous deux avaient été très marqués par la guerre de 1914-1918 ; le Non-non par les effrayantes années vécues dans les tranchées, qui l'avait amené, à son retour, à détruire tous ses souvenirs d'ancien compagnon ; la Mémé devenue veuve peu après la fin de la guerre car son mari avait été mortellement gazé lors de cette même guerre.

Les fils de la « Mémé », ont été reconnus comme pupilles de la Nation. Raymond est mort dès 1924 ; Claude, devenu instituteur, s’est marié en 1933 et Louis, après avoir fait une école d'horlogerie, employé de la SNCF, s'est marié en 1948.

Dans la partie haute du bourg de Buxy, la « Mémé » et le « Non-non Raymond » vivaient, les deux rez-de-chaussée étant loués, aux premiers étages respectifs de deux maisons mitoyennes desservis par un même escalier donnant d’un côté sur la rue, de l’autre sur une cour commune avec un puits et où s’ouvrait l’atelier de plâtrier-peintre qui avait été commun aux deux frères Louis, le mari, et Raymond, le beau-frère avant leur mobilisation, en août 1914, pour la première guerre mondiale.
Chacun cultivait son jardin : la « Mémé » au Franay, près du Vieux-château1 et le « Non-non » un étroit petit jardin perpendiculaire à la route de Rosey et Givry à la sortie du bourg.

Lorsqu’on leur rendait visite, la répartition de la famille entre les deux logements devait être délicatement dosée pour apaiser des suspicions de jalousies – c’était du moins le cas pour la famille de Claude, le fils aîné qui habitait en Bresse et avait quatre filles à caser, plus un gendre et une petite fille à partir des années soixantes. Je me souviens, chez le Nonnon, d'une chambre servant aussi de fruitier pour la garde des pommes cueillies en automne  sur des pommiers poussants près d'un petit ruisseau au bas de la vigne de la Naubé : nuits délicatement embaumées. Ce qui a été rarement le cas, car dans l'esprit de la Mémé, Anne-Claude, l'aînée, devait coucher chez elle. Pour Louis, père de deux enfants les choses devaient être plus simple car il n'y avait pas à partager.

vue depuis la loggia de La Tour
Vue depuis la loggia de La Tour.
vue de la rue des Fossés
La rue des Fossés longeant l'ancien rempart médiéval.
A Buxy, Claude Renaud avait aussi un pied à terre, la Tour1, qu'il louait à son cousin Émery Dauphin2 et où il aimait séjourner quand il ne faisait pas trop froid ; on accédait à la Tour par la rue de la Cure ; cette petite tour était occupée par un escalier en colimaçon qui menait à l'étage où elle donnait sur une petite chambre et une agréable loggia ; de celle-ci, dominant la rue des Fossés et le bas de Buxy, il jouissait d'une très belle vue ; il voyait la ferme où sa grand-mère, Fanny Daventure, avait vécu son veuvage, plus loin la Forêt de la Ferté, puis la colline de Laives couronnée par le vieux cimetière du village dont on apercevait la chapelle, à l'horizon toute la plaine de la Saône avec, parfois, les monts du Jura et, très rarement, le Mont-Blanc.

J'ai gardé aussi quelques souvenirs très personnel car, en 1960, avec Anne-Claude, j'ai habité quelques semaines à Buxy, précisément à « La Tour »3. Lors de ce séjour, sur le coup de onze heures du matin, j'allais chercher le courrier chez la Mémé. Une obligation, d'abord un peu contrainte ; boire un verre de vin blanc au cours de cette visite, était devenue un rite au cours duquel elle aimait m'interroger - mes études, ma famille - mais aussi raconter des épisodes de son enfance à La Brosse, hameau de Bissey-sous-Cruchaud, très proche de Buxy. La famille Gonnot était pauvre et, très jeune, elle avait été placée comme bonne jusqu'à son mariage à 25 ans.

Le cercle de famille s’est bien élargi depuis 1922, car du Poitou et du Lyonnais, en passant par la région parisienne et la Lorraine, il compte de jeunes et même très jeunes membres jusqu’en Suède.

Les Renaud de Rosey à Buxy.

La généalogie des Renaud et familles alliées a d'abord été étudiée par André Rouget3 qui a écrit et publié sous forme multigraphiée une généalogie Gonot. J'ai moi-même établi, depuis quelques années, une généalogie Renaud4 qui montre que tous les ancêtres de Claude et de Louis, les deux derniers-nés à Buxy sont originaires de la Côte chalonnaise et, au plus loin, du Maconnais et du Charolais (les Gonot/Gonnot, Davanture, Gressard, Dutartre, Prost, Poulachon, Lartaud...) La lignée Renaud jusqu'au début du dix-huitième siècle ne compte que deux lieux de naissance, Rosey et Buxy à une seule exception près (Bissey-sous-Cruchaud). L'ancêtre le plus ancien connu est Jacques Renaud qui est cité avec son épouse dans l'acte de mariage de son fils Joseph en 1725 : « Joseph Renaud fils de Jacques Renaud et de Marguerite Laveine ses pere et mere... ». C'est l’acte le plus ancien connu à Rosey concernant la famille Renaud.

On peut établir la lignée Renaud comme suit :

  • II. - Joseph (vers 1701-1785), vigneron à Rosey. Son acte de baptême reste introuvable dans le registre paroissial de Rosey. Il épouse le 9 janvier 1725, Françoise Caton fille de François Caton, qui, vivant, était vigneron à Cruchaud4, et de Claudine Lapalue, sa belle-mère, présente au mariage.
    « Le neuf Janvier 1725 après les fiançailles et la publication faite des bans de mariage Entre Joseph Renaud fils de Jacques Renaud vigneron à Rosey et de Marguerite Laveine ses pere et mere d'une part5... »
    Dans les registres paroissiaux de Rosey, cet acte est complété, d’abord par le baptême d’une enfant des jeunes mariés, Denise, le 11 novembre de la même année, puis, en 1728, une nouvelle naissance, celle de Louis qui va mourir en bas-âge.
    Sauf erreur de ma part, Joseph Renaud et Françoise Caton ont eu seize enfants dont au moins quatre morts en bas-âge et sept mariés– vous avez donc très certainement de nombreux cousins dans la Côte chalonnaise, mais je ne les connais pas car je n’ai pas fait de généalogie descendante pour les autres branches que celle de Buxy (on trouvera la liste de ces 16 enfants dans un tableau joint). Parmi ces enfants citons Louis, 2e du nom dans la fratrie, qui suit ; Louis, l'aîné, étant mort en bas-âge.

    Les ancêtres Caton sont de Bissey-sous-Cruchaud, Moroges et Sassangy (familles Therion, Dodile, Raquillet, Bonnot).
  • III. - Louis (1737-1797) est marié avec Jeanne Dutartre (1739-1802) avant 1768 (la date et le lieu du mariage manquent encore) ; ils ont dix enfants dont l’aîné s‘appelle Joseph comme son grand-père, mais on remarque que les prénoms Claude et Louis, déjà apparus à la génération précédente, se retrouvent à nouveau et vont devenir des prénoms traditionnels dans la famille ; cinq enfants morts jeunes, cinq mariés dont Claude qui suit.
    Louis, d'abord vigneron à la Chaume de Rosey se transportera à Cerçot (commune de Moroges) pour y devenir vigneron et laboureur.
    Ancêtres alliés des Dutartre : Dubois, Diconne, Parisot.
  • IV. - Claude (1773-1851) se marie le 1er brumaire an XI (23 octobre 1802) avec Marie Pigneret (1776-1838) à Buxy où il s’installera ; six enfants. Peu après on le retrouve vigneron à Bissey-sous-Cruchaud qui est le village des Pigneret ; en 1834, il est cultivateur et de retour à Rosey.
    A la génération précédente, on a assisté à Bissey à une cérémonie impressionnante, le mariage, le 26 janvier 1717, des quatre frères et sœurs Pigneret avec les quatre frères et sœurs Lacondemine (écrit parfois Delacondemine) venus de leur village de Moroges avec, en poche, la rendüe9 de leur sieur curé. Parmi eux Jean Pigneret et Françoise Lacondemine, grands-parents de Marie Pigneret, l'épouse de Claude citée ci-dessus. Son père, Antoine, avait déjà été marié dans la même famille avec Antoinette Lacondemine, une lointaine tante des précédentes.
    Autres ancrêtres alliés des Pigneret : Mathey, Bruère, Rigaud, Juillet, Chantereau.
  • V. - Louis (Bissey-sous-Cruchaud 29 septembre 1809-Buxy, 4 octobre 1881) est tonnelier à Rosey. Il épouse à Buxy Claire Prost (1811-1879) le 3 février 1834 ; cinq enfants. Elle était née à Strasbourg d'un père buxynois qui avait été réformé de l'armée impériale12 dans cette ville où il exerça le métier de fileur de coton avant de revenir à Buxy où il devint voiturier. Le grand-père de Claire était vigneron dans les hauts de Buxy, à Davenay.
    Autres familles alliées : Lièvre, Prudon, Lemaire, Guillot, Blondeau, Jacob, Gautherot.
  • VI. - Claude (1849-1909). C’est le premier des Renaud qui endosse la veste et le pantalon blanc du plâtrier-peintre ; on peut supputer qu'il a rejoint l'entreprise de son beau-père, lui-même plâtrier-peintre. Il est exempt du service militaire par son numéro favorable au tirage au sort qui se pratiquait alors pour faire ou non ce service ; a-t-il ainsi échappé à la mobilisation en 1870 ?. Il meurt le 25 octobre 1909.
    Il est marié à Buxy le 18 janvier 1874 à Fanny Davanture (1849-1919) ; trois enfants. Fanny Davanture (Françoise sur son acte de naissance) est la fille de Jean Davanture (1819-1874), plâtrier-peintre à Buxy, et de Marie Antoinette Poulachon (1829-1880), blanchisseuse, puis marchande.
    Son grand-père Raymond Davanture (1791-1870) est vigneron à La Roche (Bissey-sous-Crucheau), marié en 1818 à Francoise Guillot (1790-1852) dont les parents sont aussi de Bissey (vignerons à Rougeon).
    Autres alliés des Davanture et Poulachon : Mouton, Lanzi, Moreau, Vesti, Brunet, Valot, Chaumont, Vachet, Juillet, Tournoillet, Barrault.
  • VII. - Louis (1874-1920), plâtrier-peintre, déjà évoqué ci-dessus ; mobilisé pendant la guerre de 1914-1918, il y est gazé mortellement (Grand blessé de guerre). Il a une sœur et un frère : Marie (1875-1893) et Raymond (1881-1964) plâtrier-peintre et mobilisé lui aussi en 1914, resté célibataire.
    Marié à Buxy avec Eugénie dite Julie Gonnot (1880-1965), la Mémé de Buxy, dont la généalogie a été étudiée par André Rouget, cité ci-dessus.
  • VIII. - Claude, Raymond (1908-1924) et Louis, enfants de la Mémé de Buxy et de Louis Renaud. Cette génération est la dernière née à Buxy ; c'est aussi celle de la dispersion : Claude, instituteur qui après avoir débuté dans le Morvan et à Saint-Jean-des-Vignes, se fixe en Bresse louhanaise (Sagy, puis Chateaurenaud) et Louis dans le Lyonnais (Condrieu, puis Les Roches).
  • IX. - Anne-Claude, Madeleine, dite Babette, Janine et Françoise, filles de Claude Renaud et Anne-Marie Grenet ; Dominique et Jean-Michel, enfants de Louis Renaud et Marguerite Duplomb.
  • Xe génération : Marine et Anne Rérolle ; Isabelle, Fanny et François Paulik, Annelie, Carina Sule et Karl-Johan Renaud; Sébastien et Mathieu Gross  ; Alexandre, Clémentine et Adrien Renaud.
  • XIe génération : Marianne ; Ana, Nelse, Oskar, Marion, Edgar, Léo, Livia, Aldo, Kira, Rilke ; Cassien, Siloé Artémis et Manon. [Voir les dixième et onzième générations sur le tableau joint.]

  • Il n’y a pas, dans le registre paroissial de Rosey, traces d’actes relatifs aux Renaud avant 1725 ; ni dans les autres documents conservés dans les services d'archives. Il existe en particulier un Procés-verbal de visite des feux du village de Rosey en Chalonnais, visite effectuée à la requête des habitants de Rosey et après délibération des élus des États de Bourgogne, par Jacques Ferrand, conseiller du roi et président en la Chambre des comptes de Dijon, le 29 mars 1649. Il visite, une à une, rue par rue, toutes les maisons de la paroisse à l'exception des maisons nobles ou habitées par des nobles qui ne sont pas imposés. Aucun Renaud à cette date à Rosey.
    Une recherche dans les registres des villages voisins a permis de trouver d'autres Renaud ; mais ni Jacques, ni Joseph, ni Nicolas pouvant s’insérer dans le puzzle des Renaud de Rosey ; ni Marguerite Laveine non plus. On ne peut que se poser la question : d'où viennent les Renaud habitants Rosey au début du XVIIIe siècle !

    * * *

    Une migration Renaud du Hainaut vers la Bourgogne ?

    Quelques années passent quand, par hasard, je prends connaissance du site geneanet de Lucienne Vanschoebeke :
    elle héberge sur son site un ménage Jacques Renaut-Marguerite Lavenne à Givry. J’ai cru à une bonne pioche, jusqu’à ce qu’une lecture plus attentive me laisse comprendre qu’il ne s’agissait pas de Givry près de Buxy, mais d’un Givry près Mons dans le Hainaut belge !

    Déçu. Il n’en reste pas moins que les deux ménages Renaud/Lavenne, celui de Rosey et celui Givry en Hainaut, sont tout à fait contemporains et qu’on trouve à Givry les actes qui manquaient à Rosey : « 29e. 8bre sponsalibus omnium cannonim proclamationibus de[----] premissis, matrimonio juncti sunt Jacobus renaut et Mgta [Margarita] Laven[--] » 14. Plus encore, Jacques et Marguerite baptisent, à Givry, un fils Nicolas « le 2e febvuari [1698] baptus est Nicolaus Renaut filius Jacobi et Margarete Lavenne Conjugium: sus: Nicolo Waitte et Maria Lavenne15 ». . Ils ont un autre fils, Gilles16, en 1700. Enfin, on ne retrouve plus trace de ces personnes à Givry après 1700. Jacques, Marguerite et leurs enfants, Nicolas et Gilles, auraient-ils quitté le Hainaut ?

    Les deux séries familiales, Jacques, Marguerite et Nicolas, d’une part à Rosey, d’autre part à Givry, peuvent-elles être identifiées ? Les événements datés des deux séries sont tous compatibles avec une migration du Hainaut vers la Bourgogne. Joseph pourrait être né au cours du déplacement plus ou moins long dans un lieu qui reste à déterminer. De Mons à Chalon, ça fait une trotte ! A pied, à cheval, en voiture ? Pourquoi partir ? Pourquoi s’arrêter à Rosey ?
    Si l’on retient cette hypothèse, cela donne un complément pour la génération I. de la lignée des Renaud de Buxy : un enfant de plus, Gilles ; la date de naissance de Nicolas restée introuvable à Rosey ; et enfin la date de leur mariage restée elle aussi introuvable à Rosey.

    La génération I. pourrait alors s'enrichir selon le libellé suivant :
    I. - Jacques Renaud et Marguerite Laveine se sont mariés le 9 octobre 1694 à Givry (Hainaut belge) où sont nés deux enfants, Nicolas (1698) et Gilles (1700). Après cette date, ils entreprennent un long voyage qui les conduira en Bourgogne jusqu’à Rosey près de Buxy, qui devient le lieu d’élection des Renaud pour près de trois siècles. Si Gilles ne semble pas être arrivé à Rosey, par contre Nicolas est bien là et un nouveau fils est né, Joseph.

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    Il faudrait aussi ajouter une génération supplémentaire :
    A. - Jean Renaut époux de Marie Renaut, père et mère de Jacques selon la généalogie de Lucienne Vanschoebeke (Geneanet lvanschoebeke).
    D'autres généalogistes belges remontent la lignée plus haut dans le XVIIesiècle à Givry ; ce que je n'ai pas encore vérifié.

    Que pensez-vous de cette hypothèse de migration Renaud ? Depuis plusieurs années je pose cette question ; pas de réaction, pas de contradiction ; aussi je commence à croire cette filiation vraisemblable ; mais elle reste à prouver.

    Notes :

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