Le monument funéraire Sautereau-Marceau

(église d'Arleuf)

On remarque encore à Arleuf, dans l'église, contre le mur sud de la nef, un monument funéraire assez laid, en marbre, composé d'une plaque surmontée d'un petit génie appuyé sur une urne ; la plaque porte l'inscription suivante en lettres romaines :
      D.O.M HIC SIMUL JACENT AMANTISSIMI CONJUGES SIMON
SAUTEREAU ET MARIA ANNA MARCEAU QUORUM VENERANda
QUISQUIS VIRTUTEM HONORAS.
HAEC SANCTO PUDORI SOCIAVIT AMAENITATEM, HAEC DULCE MARITI
SOLATIUM, HAEC SINE IMBECILLITATE TENERA MATER, HAEC
VOBIS, O PAUPERES, LIBERALIS
ILLE SPONSA DIGNUS PRISCAM MORUM COLUIT SIMPLICITATE
OPTIMUS VIR CONSTANTISSIME PROBUS ET VERAX; IN

FORTUNA VARIA SEMPER IDEM; IN SORTE PRIVATA SEMPER UTILIS PATRIAE,
ILLE CIVES SUOS FAME PEREUNTES (AN0. 1742) IMPORTATIS
UNDEQUAQUE FRUGIBUS REFECIT ET SERVAVIT UNUS OMNE ILLE SUIS-MET IMPENSIS (AN0 1743) OMNES HUJUSCE
REGIONIS AQUAS DISPERSIM VAGANTES INDUSTRIE REDEGIT
IN COMMUNE RECEPTACULUM, RESERVAVIT-QUE EMITTENDAS
IN ICAUNAM, TENUE FLUMEN, ANTEA NAVIGATIONI RARO
SUFFICIENS. SIC PERENNE SUBSIDIUM AC PERPETUO RENASCENS
COMMERCIO PRAESTITIT VIR GENEROSUS; SIC BENEFICUS
ETIAM POST MORTEM, VICTUM ADHUC PATRIAE PRAEBET. EOS AD MERCEDEM AETERNAM EVOCAVIT DEUS, ALTERAM
ANO. DOMINI. 1768, DIE FEBrii 20a. AETATIS 64.
OBITUM HEU ! NIMIUM PROPERUM MŒRENTES HOC MONUMENTUM
DOLORIS AC PIETATIS COLENDIS MANIBUS POSUERE FILII
AN0O. 1770

Puis au-dessous, sur une autre plaque de marbre noir.

CE MARBRE SOUS LEQUEL REPOSENT
DEUX COEURS DIGNES DE VOS REGRETS.
CE MARBRE QUE MES PLEURS ARROSENT,
Vous INSTRUIRA DE LEURS BIENFAITS.
MA MAIN OSA LES Y DÉCRIRE,
LOIN QUE LE TABLEAU SOIT FLATÉ,
HÉLAS, QUE N'AI-JE PU SUFFIRE
A VOUS RENDRE LA VÉRITÉ !

Epitaphium latinum carmen que Gallicum
Scripsit defunctorum amicus Germain de Crain.

Cette longue épitaphe est celle de l'un des bienfaiteurs du Morvan, Simon Sautereau, qui créa de vastes étangs utiles au flottage des bois de chauffage, l'une des principales ressources du pays, et qui, dans plusieurs circonstances, secourut, avec la plus grande générosité, les habitants de ces contrées alors bien pauvres1.

Sautereau appartenait à une famille du Morvan Nivernais qui pouvait peut être se rattacher à la famille dauphinoise du même nom, bien que M. de La Bâtie2 dise cette dernière éteinte. Dans tous les cas, les Sautereau du Nivernais portaient, dès le XVIIIe siècle, les mêmes armes que leurs homonymes du Dauphiné : D'azur, à la croix d'or, cantonnée de quatre faucons d'argent, becqués, onglés et grilletés d'or3.

Simon Sautereau, né en 1704 de Pierre et de Jeanne Comte, épousa Marie-Anne Marceau ; il fut père de nombreux enfants parmi lesquels nous citerons : Simon-Pierre, seigneur de Quincize, dont deux filles mariées à M. de Monville, pair de France, et à M. de Pieffort, et Simon Guillaume, seigneur du Part, gendarme de la Garde du Roi, qui eut deux fils d'Antoinette Gondier de Cray. L'ainé, Simon-Pierre, entré au service à l'âge de 16 ans, devint général d'artillerie et fut créé baron de l'Empire ; il épousa une demoiselle Gondier de Cray, sa parente, qui le rendit père de deux fils et d'une fille. Du second, Simon Antoine-Victoire Sautereau du Part, et d'Anne-Guillaume Helène Blondat des Pierres, naquirent : Jules Sautereau du Part, marié à la fille du marquis de Nesle, député sous l'Empire, et Eugène Sautereau du Part, général de brigade, qui a épousé mademoiselle Saillard, fille de M. le baron Saillard, ancien receveur général des finances.